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Sam Bartucci se tient debout devant un mur en briques, la lumière du crépuscule vacillant sur son visage. Bien qu’il soit entouré de sa famille, il semble distant; son esprit est ailleurs. Son regard fixe une plaque métallique arborant les noms « Cesare, Agata, Sam e Ernie Bartucci ».

Pour les autres passants, ce ne sont que des noms parmi tant d’autres, mais pour Sam, ces noms-là, cette plaque au Musée canadien de l’immigration du Quai 21 à Halifax, c’est tout ce qu’il a accompli dans sa vie.

« C’est incroyable », murmure-t-il. « J’ai vécu le rêve de mon père. »

Une nouvelle vie

Sam est le premier à reconnaître qu’il a eu de la chance. « J’ai vécu une vie de rêve », affirme-t-il. Il vient de prendre sa retraite en tant que directeur général de Sobeys pour la région de l’Ouest du Canada, et il envisage de jouer au golf en Arizona, de voyager avec sa femme Lorna et de passer du temps avec sa fille Kelly, son fils Chris et ses quatre petits-enfants en Alberta.

Sam est loin de tenir pour acquis ce mode de vie et la vie qu’il a menée.

Il est arrivé au Canada le 9 juin 1959, du sud de l’Italie. Il avait huit ans et il était accompagné de sa mère Agata et de son frère cadet, Ernie. Après avoir rempli les formalités d’immigration au Quai 21, ils ont pris le train pour Toronto afin d’aller rejoindre leur père Cesare, venu s’installer au Canada quatre ans auparavant. « Je me souviens du moment où le train est entré à la gare Union, au centre-ville de Toronto », raconte Sam. « En descendant du train, nous avons vu mon père. Il est accouru et nous a pris dans ses bras, moi et mon frère. “Qui est cet homme?”, a demandé mon frère. “C’est ton père.”, lui a répondu ma mère. »

Sam Bartucci et son père, Cesare, à leur domicile à Toronto en 1967.

La famille Bartucci s’est installée à Toronto. Elle a habité au-dessus d’une épicerie italienne pendant les quatre ou cinq premiers mois. « C’était un peu comme une maison de chambres parce que nous ne disposions que d’une seule pièce », se souvient Sam. « Il fallait partager la salle de bains avec plusieurs étrangers. »

Le mois de novembre venu, les parents de Sam étaient parvenus à emprunter suffisamment d’argent pour verser une mise de fonds sur une maison. Ils se sont alors installés dans leur nouvelle demeure, où ils ont élevé leurs enfants. « Mes parents étaient des gens honnêtes et travaillants », affirme fièrement Sam.

Sobeys

Sam a commencé à travailler pour le Groupe Oshawa en 1981 et a gravi les échelons jusqu’au poste de vice-président des finances. En 1988, Sobeys a fait l’acquisition du Groupe Oshawa et quelques années plus tard, Sam est devenu directeur général de Sobeys pour la région de l’Ouest du Canada.

« C’était à une réunion générale du personnel le 10 septembre 2012 », se rappelle Sam, à propos de l’annonce de sa promotion. « De 200 à 250 personnes étaient présentes. Quand on a annoncé que je serais le nouveau directeur général, j’ai eu droit à une ovation debout. »

En y repensant, Sam secoue la tête lentement. Même cinq ans plus tard, cela demeure l’un des moments de sa carrière dont il est le plus fier et qui l’a rempli d’humilité.

La réaction de l’assemblée n’a pas surpris son fils, Chris. « On peut faire confiance à mon père », affirme Chris, directeur de la mise en marché et du marketing pour les marchés de quartier chez Sobeys. « Tout le monde le dit. Si mon père donne sa parole, on peut s’y fier. »

La famille

La rêverie de Sam devant le mur en briques est interrompue par le rire de ses petits-enfants.

« Mon petit-fils a touché du doigt cette brique », s’émeut Sam en parlant de la plaque familiale sur le Mur d’honneur Sobey.

En visitant le musée, Sam a bouclé la boucle. Tout juste retraité après une carrière réussie, entouré de sa famille et remettant les pieds là où il a foulé le sol canadien pour la première fois il y a près de 60 ans, Sam a une vision claire de son passé et de son avenir.

« Ma mère m’avait grondé parce que j’avais dévalé la passerelle devant elle; elle avait peur que nous tombions à l’eau », raconte Sam. « Nous ne savions pas nager et nous n’avions jamais vu l’océan. Je me souviens que je courais en descendant du bateau parce que je croyais que j’allais enfin retrouver mon père. Je ne savais pas que Toronto se trouvait à deux jours d’ici en train. »

« Ce sont des souvenirs si marquants », exprime Sam, la voix étouffée par l’émotion et le regard perdu dans cet océan qui lui a semblé si nouveau en 1959. « Dans mon cœur, je suis toujours cet enfant de huit ans. Ces souvenirs ne me quitteront jamais. »

Et puisque Sam Bartucci le dit, on peut lui faire confiance.

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